FRANÇOISE GILLARD

Comédienne, Sociétaire de la Comédie Française

« Le mal court », comme cette pièce magistrale court dans mes souvenirs.

Le rôle d’Alarica restera gravé dans mon corps comme une traversée organique d’un théâtre puissant et moderne. Le travail du metteur en scène Andrzej Seweryn m’avait permis d’explorer toutes les facettes et richesses de ce rôle. Cette aventure artistique fut rare et magnifique.

Il fallait cependant toute la poésie et la fantaisie d’Audiberti pour créer un tel personnage.

Alarica c’est la grâce et la rage, celles dans lesquelles devait puiser l’auteur pour écrire.

Il y a tout dans ce rôle, l’incarner fut un cadeau et une épreuve.

Audiberti disait : « Qu’il avait écrit cette pièce d’une traite sur un cahier quadrillé comme si cette histoire l’attendait quelque part. » Il fallait jouer ce chef d’œuvre avec ce rythme et cette évidence.

Chez Audiberti, il y a ce besoin vital d’écrire pour parler des extrêmes, interroger l’être humain et ses complexités. J’ai ressenti en interprétant ce rôle toute la nécessité et l’urgence de dire, d’hurler que ce mal qui courait à l’époque,  court toujours aujourd’hui et que sa course folle n’est pas près de s’arrêter.