Abraxas

« Alors le cheval blanc tourna vers lui son œil de Sicilienne, où brillaient dans une gouttelette d’argent les noces condensées de la terre et du ciel ; et il riait. La peau de sa longue tête frémissait comme une jeune rivière qui fait son lit au premier matin de sa course. Mais, le cœur un peu pincé, l’homme regrettait que se fût éloignée l’époque de l’intelligente dévotion. Alors, jamais ne se rompait le gel chaleureux de dignité autour de l’harmonieuse nudité de coursier dont le profil lui-même offrait le mouvement d’une exquise aventure. Caracas chevauchait son doux ami comme il eût fait un souvenir. »

Abraxas, Gallimard, coll. L’Imaginaire, p. 152