directeur des Editions Gallimard
Dans un monde menacé par nos abstractions, nos mots vides, nos négligences et notre inappétence, Jacques Audiberti, avec sa parole d’or, son lyrisme solaire et ombrageux, n’a cessé de célébrer la beauté des choses telle qu’elle se devine sous les mots des poètes inspirés.
« Nu, le monde attend la main qui le détache et qui le cueille, et qui le rend pareil, plus net, pourtant, plus doux, nouveau soleil, au mot gonflé d’azur par ce qu’il cache. » (« Le Cheval »)
Les jeunes lecteurs comprendront que le poète leur tend ainsi le témoin du relais, en leur confiant ce secret qui n’attend qu’eux et leurs paroles nouvelles pour se manifester.
Quelle belle école de liberté, d’aventure et de poésie, quel puissant appel du large ! « Fréquente les routes / qui partent de toi. » Saurait-on mieux dire à nos enfants que la vie vaut la peine d’être vécue et que le monde les attend, intraitable mais disponible à leurs songes et à leurs créations nouvelles.
Je suis heureux et honoré d’associer ma voix à tous nos amis, de Jean Follain à Georges Perros, de Jean Paulhan à André Pieyre de Mandiargues, qui, en leur temps, ont célébré la poésie vigoureuse, charnelle, si prodigue et inspirée de Jacques Audiberti.
Antoine Gallimard, novembre 2019